Coup de chaud, douche froide
En plein cagnard, une compétition s'installe entre la peau, lieu privilégié du refroidissement du corps, et vos muscles. Tous les deux veulent du sang.
C'est donc inévitable, ce partage du débit sanguin, implique forcément une baisse de perf ! Le muscle reçoit moins de sang et bénéficie donc de moins de dioxygène.
Une trop forte intensité d'effort et la température centrale peut même atteindre une valeur critique proche de 41°C. Le thermostat dans le rouge, votre cerveau impose alors une baisse de l'activité si ce n 'est l'arrêt.
Comment assurer même quand le goudron fond ? Pourquoi peut-on crever lors d'une compétition sous un soleil de plomb ?
Déshydratation et réflexe suicidaire
En théorie, tant que l'hydratation vient compenser les pertes en eau par évaporation, les risques liés à l'exercice en ambiance chaude sont faibles.
Cependant, par un temps caniculaire, les pertes hydriques peuvent avoisiner les 1,5 litres voire 2 litres par heure.
S'il n'est pas impossible qu'il vous soit arrivé lors de soirées peu glorieuses d'enfiler 2 litres de binouzes en un temps record; Vous concèderez tout en rôtant à la simple évocation de cette aventure, qu'absorber de telles quantités en plein effort s'avère plus complexe. On estime d'ailleurs que la vidange gastrique avoisine 1 L par heure ! En gros ! La bière ! Pardon ! L'eau, vous reste dans l'estomac !
Le coup de chaud n'est alors pas impossible ! Pas très grave me direz-vous ? Non ! On peut juste en crever ! C'est même la cause de mortalité la plus fréquente dans les sports d'endurance !
Ainsi , en Octobre 2007, lors du marathon de Chicago, fut donné l'ordre à mi-course d'interrompre l'épreuve ! Plus de 25°C, un taux d'humidité avoisinant les 86% et 36 000 participants.... Evidemment, une belle grosse bande de warriors, sous entraînés, non acclimatés, goinfrés au culte du leadership, s'est sentie obligée de continuer... 25 000 bouffons tentant de franchir la ligne coûte que coûte....
Malgré les 200 000 unités d'eau distribuées et l'ouvertures des bouches incendies: 1 mort et 350 hospitalisations...
Deux litres de sueur qui s’évaporent, c’est environs 3% du poids du corps perdu toutes les heures pour un individu pesant entre 50 et 75 kg.
Sur un marathon, un trail, les pertes de flottes peuvent donc atteindre 6 à 10% de votre masse ! A ce stade le volume sanguin a fortement diminué, les organes "nobles" (cerveau, cœur), ne reçoivent plus suffisamment de sang.
L’organisme doit alors faire un choix cornélien. Sauver les organes nobles, ou continuer à distribuer du sang à la peau pour éviter la surchauffe ! Bref, quelle que soit la stratégie, celle-ci s’avère suicidaire.
Le plus souvent, c’est la première qui est adoptée . Le sang distribué à la peau, pour permettre la thermorégulation, est redistribué aux organes nobles.
Le sportif rouge et ruisselant devient alors blême et cesse de transpirer. Sans régulation thermique, sa température corporelle ne cesse d’augmenter.
A des températures supérieures à 41°C, le fonctionnement des cellules est fortement perturbé…En particulier les neurones…Incohérence, délires, pertes de connaissances...Les cellules éclatent, des molécules se retrouvent dans le sang et peuvent obstruer les reins...et même le cœur peut finir par flancher !
Schéma simplifié de la redistribution sanguine en cas de forte déshydratation et baisse importante du volume sanguin occasionnant une hyperthermie maligne d'effort
Le coup de chaleur impose donc une réanimation urgente. Il provoque le décès du sportif dans 60% des cas.
Quelques conseils en cas d'un coup de chaud
- Appeler le SAMU 15;
- Rafraîchir rapidement la personne dans un bain d'eau froide ou l'envelopper dans un drap humide et ventiler;
- S'il s'avère imprudent ou impossible d'immerger la victime, il faut envelopper le corps de froid, utiliser des vêtements mouillés ou ventiler vigoureusement;
- Surélever les pieds du sujet ;
- Si la personne est consciente, lui administrer de l'eau salée. Dans le cas contraire, on perfuse une solution saline par voie intraveineuse.
Pour assurer même quand le goudron fond !
Les sites et blogs de secondes zones présentant planches et talons-fesses comme des concepts novateurs, se copiant mutuellement et ressassant des inepties datant des années 80, seraient fiers de vous préciser qu'il convient avant tout de s'hydrater !
On enfonce des portes ouvertes, mais compenser les pertes en eaux, c'est éviter tout cercle vicieux et stratégie suicidaire de votre organisme...C'est permettre le maintien d'une bonne thermorégulation !
Pour favoriser la vidange gastrique, ces coachs pour cadres sups friqués excellant plus dans la marketing que la réactualisation de leurs connaissances, se sentiraient compétents en vous conseillant de :
- boire de petites quantités à intervalles courtes plutôt que l'inverse. (3 à 4 gorgées ce qui équivaut à 100 millilitres toutes les 15 à 30 minutes) afin d'optimiser la vidange gastrique. Il faut donc boire plus fréquemment que votre soif l'impose sans non plus tomber dans la potomanie ;
- des boissons fraîches mais dont la température est néanmoins supérieure à 5°C pour éviter les spasmes du pylore. Oui le pylore bordel ! L'orifice de la partie inférieure de l'estomac par lequel sont évacués aliments vers l'intestin. Sa fermeture peut provoquer la gerbe et ne facilite pas la vidange gastrique. Les boissons fraîches sont néanmoinsplus efficace car de la chaleur corporelle est nécessaire pour les réchauffer ;
- éviter les sodas trop riches en sucre ! Le sucre freine la vidange gastrique ! Les boissons énergétiques ne devraient pas dépasser 2,5 grammes de sucre pour 100 mL de flotte. A titre d'exemple, le coca est autour de 10 ! D'ailleurs si vous optez pour autre chose que de la flotte, celle-ci doit être plus diluée qu'à l'accoutumé.
- éviter de courir torse nu ! Et oui ! En lecture assidu de sportifmytho, il ne vous aura pas échappé qu'une récente étude a démontré qu'il était préférable de courir avec des cheveux long que boule à zéro pour lutter contre l'hyperthermie. Sur un crâne d'œuf, la sueur ruisselle et ne s'évapore pas..Pareil, lorsque vous courez à poil....Tee shirt en coton ou autre textile aéré restent donc de rigueur ;
Certains tenteront de vous fourguer leur boisson isotonique à coup de démonstration scientifique aussi rigoureuse que l'intégrité d'un Cahuzac ou d'un Stepp Blatter !
Eventuellement, pour les athlètes pratiquant l'ultra-marathon, la consommation de boissons isotoniques contenant glucides et électrolytes peut s'avérer préférable à celle de l'eau pure. En effet, dans de très rares cas, ils peuvent être sujets à une hyponatrémie (taux de sodium trop faible dans le sang) à l'origine de désorientations, confusions, pouvant aboutir au coma et la mort ! Mais pour le reste , la flotte du robinet avec un peu de sirop grenadine de vos mioches peut largement suffire !
Evoquer la possibilité d'ingérer environ 2 heures avant le départ une solution de glycérol commence à devenir plus intimiste, plus secret, plus original, plus mytho. Le glycérol, ou glycérine, est une substance qui a pour effet de retenir les molécules d'eau, et donc de diminuer la production d'urine. On le trouve en vente aux EU sous le nom de glycérate. Une solution constituée d'un volume de glycérine (vendu en pharmacie sans ordonnances ) mélangé à 20 volumes d'eau donne les mêmes résultats. Mais ce n'est pas de cela dont je veux vous parler ! Non, je veux vous parler du pré-cooling !!
Le pré-cooling ! C'est quoi bordel ?
L'idée est de diminuer la température centrale afin de retarder l'hyperthermie. L'efficacité de cette méthode a notamment été mise en évidence par le professeur José Gonzales-Alonso (Université Brunel à Londres) grâce à une expérience aussi simple que séduisante.
Celui-ci s'est amusé à placer des cyclistes dans des bains soit froids, tièdes ou chauds, afin d'obtenir des températures corporelles respectivement de 36, 37 ou 38°C. Lorsque ces cyclistes eurent à pédaler le plus longtemps possible contre une résistance de 260 watts, ceux qui avaient pris un bain froid pédalaient pendant 56 minutes contre 31 minutes pour ceux ayant pris un bain chaud.
Et oui ! le pré-colling consiste à se cailler les miches un max avant la compétition !! Oui ! Il est par exemple possible de se prendre une bouche douche froide et prolongée dans les 20 dernières minutes jusqu'à frissonner ! Très facile me direz vous ! Surtout avant un marathon ! Ok , je vous prends un peu pour des cons ! Mais vous pouvez opter pour la cryo-veste ou vous coller des poches de glaces dans le slibard, sur la nuque ! Abaisser un max la température corporelle afin d'en limiter son augmentation ! Voilà le principe !
Matuidi, M'Vila équipée de cryo-veste à l'échauffement tentent d'élever leur température musculaire tout en maintenant une température centrale relativement basse..
D'ailleurs, il est aussi très important de ne pas hésiter à s'asperger d'eau froide durant l'épreuve .Evaporée, elle est aussi efficace que la sueur : vous économisez l'eau de votre corps.
Une bonne glacière, de la glace où quelques bières peuvent éventuellement s'intercaler, et le tour est joué ! Pour l'anecdote le vainqueur du marathon de Chicago 2007 a gagné malgré la distance en 2H10 ! Et oui ! Malgré la chaleur, il est possible grâce à un entraînement adapté de s'acclimater ! Le protocole est d'ailleurs plutôt assez bien établi...Mais pour en savoir plus ! Il va falloir liker ! Il va en falloir plus de 100 ! Et oh ! Ca ne vous fait pas plaisir d'être encouragé ! Surtout en plein cagnard !
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