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La théorie du gouverneur central

La théorie du gouverneur central 

 

N’auriez-vous pas pu vous faire encore plus mal ? Etes-vous allé jusqu’au bout de vous-même ?

Le cerveau impliqué dans la performance ? A quel point ?

Déjà faudrait-il déterminer son rôle exact..Et en la matière, les avis divergent…

Le physiologiste Sud-Africain, Tim Noakes, s’est attelé à comprendre la place de ce centre nerveux, son implication dans la performance, à établir une théorie qui parviendrait enfin à mettre en accord les observations de terrains et les données de laboratoire…

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 Quelle est la place du cerveau dans la performance ? En quoi la théorie du gouverneur central de Tim Noakes est l’une des plus séduisantes ? 

 

 

 

Vers une nouvelle définition de la fatigue

 

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Cap....ou pas cap...?

 

Etes-vous capable de franchir ce cours d’eau ? Rares sont ceux qui se trompent..En général, vous évaluez assez bien vos capacités…Cette évaluation nécessite pourtant  l’intégration par votre cerveau de nombreux paramètres…Vos qualités musculaires, votre vécu, votre expérience, les propriétés du sol….Et si un taureau est à vos trousse, peut-être vous autoriserez-vous une prise de risque plus grande que s’il s’agissait d’une simple balade dominicale avec une petite passerelle à quelques hectomètres…. 

Et bien pour Tim Noakes, le rôle du cerveau au cours d'un effort physique s’apparente un peu  à ça !! A chaque instant, il lui revient de décider s'il doit maintenir ou non le niveau de sollicitation auquel est soumis l'organisme. Et comme pour le franchissement d'un cours d'eau, c'est assez rare qu'il se trompe et qu'il mette votre organisme en danger ! 

Cette décision est prise en fonction des différentes informations afférentes qui lui parviennent de l'ensemble de l'organisme (fréquence cardiaque, fréquence ventilatoire, taux d’acide lactique, PH sanguin et musculaire, température corporelle, lésion des fibres musculaires….). 

C’est à lui de  juger si cette intensité d’effort est  compatible à la survie de l'individu C’est à lui de « limiter le risque de burn out ».

 

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Pour Vicault, la rivière, c'est un 100 mètres sollicitant pleinement ses capacités musculaire et tendineuses....Le gouverneur central veut bien octroyer une plus grande prise de risque mais freine néanmoins de peur que ça "pète"....

 

Dans ce nouveau modèle, la fatigue n’est plus induite directement par les organes périphériques mais par le cerveau, qui a pour fonction de prévenir d’une sollicitation excessive d’organes parfois vitaux (cœur, poumons, neurones..),  pouvant entraîner des dommages graves..

 La fatigue n’est plus comme dans l’ancien modèle, un état physiologique mesurable, « the end point », occasionné par l’épuisement des réserves en glycogène,  une acidité musculaire trop importante, une incapacité à délivrer suffisamment d’O2….une température corporelle trop élevée…une casse musculaire trop importante.. 

La fatigue est cette fois-ci une émotion permettant de moduler de façon consciente l’intensité de l’effort. Pour être plus concret. Cela revient à dire que la soif, la baisse de glycogène, ne nous forcent pas à s'arrêter, mais nous donnent l'envie d'arrêter. 

De la contorsion sémantique sans grand intérêt me direz-vous ? 

Au contraire !  Cette approche s’avère révolutionnaire…Elle implique une refonte des grands concepts physiologiques sans pour autant nier leur importance sur la perf….Elle met en accord, théorie et terrain…Elle donne une autre dimension à l’entraînement…

 

 

Quand le théorie du gouverneur central ou du cerveau intégratif  s’imbrique à merveille aux observations physiologiques

 Ainsi, des autopsies musculaires sont venus démontrer que 30% des réserves en glycogène sont encore présentes vers le trentième kilomètre, moment où survient le plus souvent le mûr. 

 Selon Tim Noakes, le mûr sur Marathon n’est donc pas dû à un manque de glycogène. Mais la baisse de glycogène perçue par le cerveau fait que celui-ci impose une diminution de l’intensité d’effort….Et oui ! Le cerveau ne peut se permettre de courir le risque de manquer du carburant principal de ses neurones… 

Le glycogène n’est alors plus simplement une molécule pouvant fournir de l’énergie, mais une molécule influençant la stratégie de gestion de l’effort ou « pacing ».

Le taux de glycogène constitue un signal métabolique informant en permanence le central gouverneur, qui module alors en conséquence l’intensité de l’effort.

 Et pour le dioxygène ? Une étude récente ( R.S Richardson et al. 1998) est venue démontrer que la pression en dioxygène à l'intérieur des fibres musculaires au cours d'un effort d'intensité croissante, reste constante, même à effort maximal.

 Oui ! les fibres musculaires ne sont jamais placées dans des conditions anaérobies..

 

 Exit ce bon vieux modèle où au-delà d’une certaine intensité d’effort, le cœur ne peut plus accroître son débit sanguin et l'apport en dioxygène aux muscles….Exit ce modèle où le muscle placé alors dans des conditions anaérobies, se met à faire appel à la fermentation lactique….l’accumulation d’ion H+ dans les muscles provoquant alors une acidité telle que l’arrêt de l’effort serait obligatoire….

 

 Dépoussiéré le concept de VO2max…. !! Oui !  Dans ce nouveau modèle, le fameux plateau serait occasionné par l’arrêt du recrutement d’un nombre supplémentaire de fibres musculaire….Il ne serait pas la cause de l’arrêt de l’effort, mais la conséquence d’une interaction complexe entre cerveau, cœur et muscles…

Et sur le terrain, cette théorie, s’avère t’elle tout aussi séduisante ?

 

 

Motivations, encouragements et grands événements….quand le centre intégrateur octroie une marge plus grande de liberté

Encouragements, grands événements, confrontations, émulations, et voilà que les chronos explosent…La théorie du « end point » peinait à expliquer ces observations…Si la fatigue apparaît lorsque les réserves en glycogène sont épuisées, lorsque le dioxygène vient  à manquer, comment alors expliquer ces perfs lors de grands événements…

La théorie du  gouverneur central, elle,  implique une modulation par une région du cerveau, du recrutement des unités motrices…

Lors des grands événements, stimulés par les encouragements, le challenge, le cerveau serait prêt à accepter une prise de risque plus grande, à octroyer à la machine une plus grande liberté…

 Ce centre intégrateur ayant pour fonction d’assurer l’intégrité des organes vitaux veille en général à en garder sous le pied….C’est ainsi qu’en passant en revue les records du monde sur 5000m, les scientifiques se sont aperçus que le premier et le dernier kilomètre sont toujours courus plus vite que les segments intermédiaires. 

Aussi,athlète chevronnés ou sportifmythos du dimanche, rares sont ceux dont le central gouverneur n' autorise pas un sprint final plus ou moins pathétique..Oui ! En fin de course, le centre intégrateur autorise un léger laisser-aller….Il sait que l’effort est bientôt terminé…..Tim Noakes parle de bouquet final pour évoquer ce dernier sursaut avant l’arrivée.

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Momo serbouti  en discussion avec son centre intégratif 

 

Tout se passe donc bien comme si chaque athlète était doté d’une sorte d’ordinateur chargé d’intégrer à tous moments les signaux de détresse en provenance du corps et la quantité d’activité restant à produire pour ajuster l’allure en fonction de ce qu’il sera capable de supporter comme souffrance…..

On comprend alors aussi l’intérêt des lièvres…Suivre le rythme imposé par un autre, c’est débrancher momentanément le « cerveau intégrateur », c’est calquer son effort sur le rythme imposé..Cette mise sous « pilote automatique » peut dans certains cas permettre d’exploser son record..mais parfois, se rétamer..…

 

 

Et concrètement ! Quelles conséquences ?

Et bien exit l’expression :  « Dépassement de soi » !! Oui ! S’entraîner ne consiste pas uniquement à optimiser ses filières énergétiques, améliorer ses qualités de pied, son économie de course, mais aussi à éduquer son cerveau

Oui ! S’entraîner, c’est  pré-programmer son cerveau, en l’habituant à l’allure compétition….C’est intégrer dans ses séances, de la vitesse course…Le  préparer à ce qui l’attend…Courir sur des segments plus courts..mais l’habituer néanmoins à cet effort… 

Crucial aussi de visualiser son épreuve…d’intégrer un max d’infos…Votre gouverneur central a besoin d’être sécurisé un max  pour lâcher du lest..

Ces heures passées à éduquer votre cerveau….vous permettront le jour J,  d’être en pilotage automatique, de vous laisser dicter le rythme par votre subconscient…d’être en immersion totale dans votre activité, dans votre zone optimale de fonctionnement intérieur…Bref, d’être dans la zone, le flow….

S’entraîner, c’est aussi, à l’opposé, essayer de débrancher le central….accrocher du mollet..accrocher du vélo…calquer son effort sur un rythme nouveau que votre cerveau ne connait pas et qu’il pourrait bien finir par intégrer…c’est se tirer la bourre..

Bref ! S’entraîner..ce n’est surtout pas faire des calculs à la con sur la base d’un test VMA foireux…ça n’est pas se laisser dicter un plan par un coach dont la crédibilité ne tient qu’à quelques termes jargonneux et mal maîtrisés, un diplôme universitaire qui laisse à penser que la branlette suffit à assurer au pieux …..S’entrainer. C’est bien plus marrant…c’est bien plus subtil…

 

 

Remarque :

Bien que séduisante, cette théorie a ses points faibles…Aucune structure anatomique, malgré les progrès de l’IRM n’a été identifiée comme étant la zone du gouverneur central…Et si le gouverneur central a pour rôle de préserver l’intégrité du corps, comment expliquer les nombreuses blessures…

 

Autour du même thème :

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21/09/2015
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