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Bassin attracteur

Service fort dans le ventre. Ce connard parviendra-t-il à capter mon regard, ma gestuelle,la balle, sa trajectoire,son bruit ? Parviendra-t-il à relayer toutes ces infos jusqu’à son cerveau et opter pour le bon geste. Il hésite. Dans le bide !  Service gagnant !

Son mauvais choix, sa réponse motrice et émotionnelle inadaptée, le confirme. C’est  une brêle. Au tennis de table, une bonne série de service et accessoirement un top spin coup droit potable, peut suffire à faire mal.

 

 

Pour sa défense. Il en faut des réseaux de neurones pour traiter toutes les données captées par les organes des sens. Et une fois au cerveau, il faut choisir les bons circuits, opter pour le bon geste, la bonne réponse comportementale et psychique, le tout, le plus souvent, en une fraction de seconde.

C’est l’entrainement qui façonne ces réseaux de neurones. Les corps sont peut-être de plus en plus spécialisées, collent peut-être de mieux en mieux à des niches athlétiques, il n’empêche, pour performer, il faut de l’anticipation, de la coordination, de la vitesse d’exécution, des prises de décision rapides, quasi instinctives.

Une grande part de la performance pourrait bien trouver son explication dans cette masse gélatineuse d’un peu plus d’un kilo et avide de glucose qu’est le cerveau.

Il existe un câblage de base entre neurones, propre à l’espèce, mais par la suite, ce sont les expériences de vie qui façonnent de nouveaux réseaux.

 

 

 

A chaque expérience, son câblage.

 

 

Quand une tâche est nouvelle, une grande part de nos facultés doit être mobilisée. La totalité de notre attention, notre concentration, sont entièrement allouées à l’exercice. Il faut réfléchir consciemment au geste à exécuter. Très difficile pour un gamin apprenant à dribbler de lever la tête, apercevoir ses partenaires. Toute sa concentration est mobilisée.

 

Quand un exercice est nouveau, un peu comme dans une jungle, il faut tracer un chemin. Puis, ce sentier régulièrement emprunté, s’élargit, marqué par les passages répétés. Y circuler devient très facile. A conditions de ne pas y cessez vos aller-venues. La végétation reprend vite ses droits.

 

Idem pour les neurones. En cours d’apprentissage, il faut établir des connexions, construire de nouveaux réseaux, puis les répétitions renforcent ces liens.

 

 Après plusieurs centaines d’heures d’entraînement, il est de moins en moins nécessaire de faire appel à la partie consciente de son cerveau. Place aux automatismes ! La conscience est court-circuitée, le geste devient instinctif, plus rapide, plus précis.

 

C’est alors en pilote automatique, en laissant agir son inconscient, qu’il est possible de parvenir aux meilleures performances, d’être  plus rapide, plus précis.

 

 

Bassin attracteur

 

Jean Pol tassin propose une autre métaphore, dans son livre, les coulisses du cerveau.

 

« Le bassin attracteur est une métaphore des empreintes physiologiques qu’ « impriment » les souvenirs dans les réseaux de neurones. L’idée exprimée de façon simpliste est la suivante : chaque information active un réseau plus ou moins étendu de neurones, activation que l’on peut schématiser par une empreinte creusée dans ce réseau. On représente ce réseau par un maillage et une empreinte par un creux. »

 

Ces fossés ou bassins n’existent pas physiquement. Il s’agit d’une simple image pour mieux comprendre les liens, les connexions entre neurones. Les bassins seraient d’autant plus profonds que les liens sont forts. Et, il suffirait alors de quelques neurones activés pour que l’ensemble du bassin le soit.

 

 

 

Ces fossés ou bassins n’existent pas physiquement. Il s’agit d’une simple image pour mieux comprendre les liens, les connexions entre neurones. Les bassins seraient d’autant plus profonds que les liens sont forts. Et, il suffirait alors de quelques neurones activés pour que l’ensemble du bassin le soit.

Cette empreinte se creuse au cours des apprentissages, des répétitions. Une fois le geste technique maîtrisé, longuement et fréquemment répété, le fossé est devenu stable, les automatismes sont acquis.

Notre inconscient serait ainsi « un vaste champ parsemé de bassin attracteurs » plus ou moins profonds.

 

 

 

La spéciale

Combien d’athlètes, ont su marquer leur carrière d’un geste, d’une action, souvent stéréotypée mais incroyablement efficace notamment par sa vitesse d’exécution . Des actions devenues leur signature.

Comment oublier la « spéciale » de Thierry Henry : débordement, frappe enroulée côté opposé. Un bassin attracteur constituant son inconscient probablement très profond façonnée au cours d’innombrables répétitions.

Inutile de préciser qu’il est crucial de ne pas avoir automatisé une technique imparfaite. Rien de plus difficile que de se débarrasser d’une gestuelle mal apprise. Plus un fossé est profond, plus il est stable.

Certains y parviennent néanmoins, même au sommet, même après des années d’entraînement. C’est peut-être aussi ça le secret des grands champions.

Dans un entretien à Prime Vidéo, M’Bappé raconte :

 

 

"Je la développe fin 2020 et début 2021, a raconté le capitaine des Bleus. On analysait le fait que j’avais mis tellement de frappes enroulées au deuxième poteau que les gardiens et défenseurs étaient déjà positionnés là-bas. On a commencé à travailler ça. D’abord avec des mannequins, des portes, des plots, sans gardien. […] Après, je l’ai fait à l’entraînement, puis en match. Avoir plusieurs options pour un attaquant c’est primordial car des fois, il n’y a pas le temps de réfléchir. L’instinct vient avec le travail. J’essaie d’avoir une palette la plus large possible. C’est ce qu’il faut pour mettre autant de buts dans une saison, comme je le fais."

 

 

Du travail, des répétions pour automatiser. Un geste qui ne serait pas instinctif ne serait pas assez rapide. Pas le temps de cogiter, pas le temps de solliciter le cortex préfrontal et d’envisager consciemment toutes les options.

Il arrive néanmoins que sous la pression, l’enjeu, certains sportifs viennent à sortir de cette zone optimale de fonctionnement intérieur, ce flow, et voient leur belle mécanique enrayée.

 

 

Le flow

Le simple fait de vouloir s’appliquer plus qu’à l’habitude, le simple fait de réfléchir à son mouvement, c’est courir le risque de voir le cortex préfrontal reprendre les commandes.

Or ce cortex préfrontal, ce pilote non automatique, faisant appel au domaine du conscient, sollicité il y a bien longtemps lors de la phase d’apprentissage, ne sait plus faire le boulot correctement, n’est plus capable de reproduire avec la même justesse le geste escompté.

Faut-il rappeler les trois lancers francs raté dans la dernière minute de prolongation en demi-finale de l’euro 2015 de Nicolas Batum ? Que s’est-il passé dans sa tête en cet instant ?

 

Temps de jeu

Mais se décider bien est vite est aussi une histoire de mémoire.

En s’entraînant à reproduire des séquences de jeux, en cumulant les temps de match, le sportif mémorise de nombreuses scénari. Il se constitue une banque de situations qu’il stocke dans sa mémoire à long terme.

Un peu comme pour le contrôle de la motricité, une partie de ces informations est stockée dans une mémoire implicite. Des bassins attracteurs se constituent, et peuvent être activés très rapidement. Il suffit parfois parfois d’un léger mouvement de bassin , à peine perceptible pour un novice, un regard, l’orientation de la raquette, le positionnement des adversaires, la course d’un coéquipier. Il s’agit d’informations mémorisées dont l’athlète n’a pas conscience, et là encore, ce court-circuitage de la mémoire consciente, permet de diminuer le temps de réponse, opter pour la bonne stratégie, de façon instinctive voire même anticiper.

 

 

Un boxeur qui ne serait pas capable d’anticiper les coups serait vite K.O.

Il n’est pas rare de mentionner qu’un joueur à un  QI basket ou foot exceptionnel.

10 avril 2022, à l'Etihad Stadium de Manchester, le milieu de terrain des Citizens, Kevin De Bruyne adresse une incroyable et magique passe liftée, dans les pieds de l’international algérien Riyad Mahrez, l’ailier droit du Manchester City. Les défenseurs de liverpool se regardent, ébahis, stupéfaits. « Limpide, efficace et tranchante, sa vision de jeu relève presque de l’irrationnel », s’enflamme même L’Équipe dans un article publié le 17 novembre 2022.

 

 



18/07/2024
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